La parabole du tissu
La communauté est comme un tissu qui s'élabore. Un tissu dont je ne sais pas ce qu'il sera mais qui, autour de nous, peu à peu, se tisse sans modèle ni dessin savant.
Dans ce tissu, je peux être un fil, un trait de couleur... bleu profond? Rouge éclatant? Ou bien le fil de lin gris... Cette troisième couleur, au dire des tisserands, est la plus importante: le gris neutre de tous les jours, celui qui fait chanter le bleu profond et le rouge éclatant. Celui qui est porteur d'harmonie.
N'avoir que ma propre couleur et de cela me réjouis pour qu'elle apporte la joie et non la rivalité. Comme si moi, bleu, j'étais l'ennemi du vert. Comme si j'étais, moi, ton adversaire.
Et ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas entrer avec nous dans l'ouvrage?
Irai-je, les précédant, leur faire place pour qu'ils viennent librement de leurs propres couleurs se mêler au dessin?
Il y a une place pour tous. Et chaque fil vient apporter une continuité: non seulement ceux qui sont à l'origine du travail ont été tendus d'un support à l'autre du métier, mais chaque fil!
Un fil vient à rompre, aussitôt, le travail s'arrête et les mains patientes de tous les tisserands s'appliquent à le renouer...
Chaque fil, même le plus lumineux, peut disparaître, tissé sous les autres. Il est cependant là, non loin, même si notre oeil ne le perçoit plus...
Maintenant, c'est au tour du mien d'être lancé à travers la chaîne. Quand son trait aura cessé d'être visible, alors toute l'harmonie apparaîtra: harmonie de ma nuance mêlée à toutes les autres qui l'accompagnent jusqu'à ce qu'elle disparraisse.