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Les voyages d'Anaxandre
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8 novembre 2014

Nastoddin, Hodja et l'âne Honoré

Hodja est un personnage célèbre!  Imaginez un bonhomme tout rond, la figure joufflue, les yeux pétillants de gaieté et de finesse, des favoris blancs et le crâne complètement chauve.  Son inséparable compagnon est un vieil âne patient et sage qui n'hésite pas à lui donner son avis et ses conseils en cas de besoin!

Un jour, de grand matin, Hodja enfourcha son âne et s'en alla aux champs.  Ayant bien attaché son âne, il se mit au travail.  Tout le jour, il travailla dur sous le ciel brûlant.  Il bêcha, creusa, piocha sans relâche.  Quand vint le crépuscule, il était las et avait soif.  Le bonhomme soupira et se redressa et appuya sa pioche sur un tronc d'arbre noueux.  Il s'épongea le front et dit:

- Je travaillerai encore une heure puis je retournerai à la maison manger et me reposer.

Mais aussitôt, il crut entendre la voix de sa femme qui l'appelait de la maison:

- Hodja, rentre à la maison.

La femme de Hodja était une femme petite et énergique avec des yeux brillants et une voix pénétrante.  Elle marcha le long du chemin et s'approcha de la clôture du champ où Hodja travaillait.  Elle l'appela de nouveau.

- Hodja, ne traîne pas!

Elle attendit patiemmement qu'il délaisse enfin sa pioche et lui demanda:

- Tu as oublié?

- Oublié quoi?

- La fête! répondit-elle.

- Quelle fête?

- Mais la fête de chez l'Emir Nami!

- Oh!

En effet, il avait bel et bien oublié que l'Emir donnait une fête ce soir-là.

- Tu vas te mettre en retard.  Et regarde tes vêtements! s'exclama sa femme.

Hodja n'était pas très beau à voir: une silhouette ronde et fatiguée, des vêtements usés, la figure et les mains sales et couvertes de sueur.

- Tu ferais mieux de venir changer de vêtements.  Et un bon bain ne te fera pas de tort, lui dit sa femme.

Mais le bonhomme fit signe que non.

- Allez, ne sois pas têtu.

- Je n'ai pas le temps de me changer.  On m'accueillera bien comme je suis.

 

Il partit sur son vieil âne.  Ils se dirigèrent à petits pas vers le lieu du festin.

Quand Hodja pénétra dans la salle de réception et qu'ils se trouvèrent parmi les convives richement vêtus, il se produisit quelque chose d'étonnant: personne ne semblait le reconnaître.

Et l'Emir qui offrait le banquet fit tout comme s'il ne savait pas qui il était.

- Bonjour, très cher Emir!  Je ne sais comment vous remercier de m'avoir invité à cette...

Mais l'Emir ne lui laissa même pas finir sa phrase.  Il lui tourna le dos et continua à parler aux autres invités.  Pauvre Hodja, c'était plus que ce qu'il ne pouvait endurer.  Il remonta sur son âne et s'en retourna à la maison.

- Que s'est-il passé? demanda sa femme.

- Rien encore, mais ce n'est pas fini.

Puis il se baigna, se frotta jusqu'à ce que sa peau brillât comme un sou neuf.  Enfin, il enfila ses plus beaux vêtements et demanda à sa femme de lui amener sa plus belle veste.

- De quoi ai-je l'air, maintenant?

- Tu es plus beau que l'Emir lui-même.

- Bien.

Puis il se dirigea vers sont vieil âne patient et sage.  L'âne l'examina de ses gros yeux ronds puis hocha la tête une fois, deux fois.

- Parfait, retournons au banquet!

 

Quand Hodja arriva chez l'Emir, la fête battait son plein.  On mangeait, on riait, on s'amusait ferme.  Dès sont entrée, tous les regards convergèrent vers lui.

- Ah, voici enfin Hodja!

Il se précipita vers lui et l'embrassa.

- Que vous êtes beau!  Vous arrivez?

- Oui, fit Hodja, sachant que l'Emir l'avait déjà vu la première fois.

L'Emir se retourna vers les convives et leur dit d'une voix haute et ferme:

- Que tout le monde souhaite la bienvenue à Hodja.

Les souhaits de bienvenue remplirent aussitôt la salle.

- Et maintenant, venez vous asseoir à ma droite, hôte honoré.

Comme il accompagnait son hôte vers la place d'honneur, il lui confia:

- Votre habit est magnifique, je n'en ai jamais vu de pareil.

- Je suis ravi qu'il vous plaise, répondit Hodja.

Il s'assit et attendit d'être servi.  Puis il fit la chose la plus inattendue.  Il prit une pièce de veau et la mit dans la poche de sa veste en disant:

- C'est pour toi ma chère veste.

Puis il se servit de raisins et les enfouit aussitôt dans une autre poche!

- J'espère que tu aimes le raisin frais!

Les autres le regardèrent faire, pleins de surprise.  Hodja prit une olive et allait la mettre dans sa poche lorsque l'Emir lui demanda s'il ne devenait pas fou.  Hodja se retourna vers l'Emir et répondit avec le plus grand calme:

- Je ne suis pas fou du tout.  Je donne à manger à mon costume car c'est lui que vous avez invité et pas moi.

 

Là-dessus, Hodja se leva et se retira.  Il retrouva son vieil âne patient et sage et lui jeta un regard de triomphe.  L'âne sourit et hocha les yeux et la tête en silence.  Et ils s'en retournèrent à la maison...

ZZZ-SIGNATURE

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Commentaires
C
quelle magnifique histoire et tellement vraie aussi, on attache de l'importance à l'apparence et on ne voit pas l'âme de la personne qui est bien plus importante.bises
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